
사랑해, 살아
Dépot SACD N° 000796530
ÉPISODE 1 : Le tango des papillons

Code pour fluidifier la lecture :
En noir : conversations en français.
En bleu : conversation en coréen.
En rouge : conversations en anglais.
SCÈNE 1. INT. CHAMBRE À COUCHER. MATIN D’ÉTÉ.
Décor :
Une grande chambre, trois murs blancs créant une atmosphère sereine et épurée, et sur le dernier : un tableau géant. On y voit trois personnes nues – deux hommes blancs et une femme noire – disposées en cercle sur fond de nuit étoilée, formant un triskèle vivant, corps entrelacés.
Le soleil entre à flots par la grande baie vitrée, inondant de sa lumière chaleureuse le grand lit, un matelas sur une estrade de bois. Sous la couette de satin asiatique, deux vieux sont allongés l’un contre l’autre, enlacés.
Ambiance :
L’un, couronne encore blonde entourant un crâne semé de taches de rousseurs, se tient au creux des bras de l’autre, cheveux blancs clairsemés, longs. Les yeux bleus délavés de Couronne d’Or fixent tendrement ceux, noirs, bridés, de Casque Blanc.
Regards résignés, tristes. Mais tant d’amour exprimé !
Leurs lèvres ridées se sourient tendrement, puis se rencontrent dans un baiser flétri, chaud, doux, amer.
Casque blanc (93 ans)
(murmure tendre)
Notre premier était plus fougueux...
Couronne d'or blottit sa tête dans le cou de son compagnon en gloussant doucement.
Couronne D’Or (100 ans)
J'ai encore le goût de tes lèvres d'alcoolique sur la langue.
Souriant, Casque Blanc prend la tête de Couronne d'or dans ses mains pour mieux le contempler. Il se perd dans le regard bleu caraïbes de son compagnon.
DÉBUT DE FLASHBACK
SCÈNE 2. INT. CUISINE DE MÉVOUILLON - NUIT
Deux hommes s’embrassent passionnément contre le mur, près du réfrigérateur. L’un aux traits asiatique, dos contre le mur, écarte doucement le visage de l’autre, crinière blonde, yeux bleus-caraïbes. Ils semblent étonnés et ravis. Ils se sourient timidement, puis les lèvres du blond reprennent voracement possession de celles de l’asiatique.
FIN DU FLASHBACK
SCÈNE 3. INT. CHAMBRE À COUCHER. MATIN D’ÉTÉ.
Casque Blanc
Maintenant je peux le dire : tu m’attirais tellement!
(pause, sourire nostalgique, un brin perdu dans ses pensées)
Ça a même commencé avant notre rencontre ! À l’époque j’en avais honte.
Couronne d’Or lève la tête pour regarder Casque blanc dans les yeux.
Couronne d’Or
Quand ? Honte de quoi ?
Silence, Casque Blanc réfléchit en caressant distraitement les cheveux de son amant. Il se tait, puis un soupire s’échappe de ses lèvres.
Casque Blanc
Un coup de foudre en voyant ton visage dans le portefeuille de Sarah… Pas de quoi me venter…
(il rit, un peu gêné, secoue la tête avant de reprendre, plus bas, presque pour lui-même)
Finalement, je l'étais peut-être un peu...
Couronne d’Or ferme les yeux, bercé par les caresses de Casque Blanc.
Couronne d’Or
Quoi donc?
Casque Blanc se tourne légèrement, les yeux de couronne d’Or se rouvrent, curieux, Le regard de Casque Blanc se perd dans les yeux caraïbes délavés. Il esquisse un sourire, mélange de nostalgie et de malice.
Casque Blanc
Pédé.
Il se cale sur le dos. Son regard se pose sur le triskèle qui semble tourner dans le firmament. Couronne d’Or, au creux de son épaule, soulève légèrement la tête et soupire en fronçant les sourcils.
Couronne d’Or
Elle est plus là pour entendre, heureusement pour toi. Elle t’aurait baffé en disant ...
Casque blanc tourne la tête doucement et pose un long baiser sur le front de Couronne d’or.
Casque Blanc
Je sais : l’amour se fout du genre et du nombre...
Il ferme les yeux, son visage se crispe sur sa douleur, Il resserre son étreinte sur son amant, sa voix tremble.
Putain ! Elle me manque tellement que mon cœur a mal chaque jour.
Son étreinte se fait encore plus ferme.
Ne pars pas encore ! Je suis pas prêt !
Couronne d’Or, la tête dans le giron de son amant, tente de se dégager mollement, en riant doucement.
Couronne d’or
Tu m’étouffe ! Je me sens partir plus vite !
Casque Blanc desserre son étreinte vivement, Inquiet. Mais le regard amusé de Couronne d’Or le rassure. Il se perd dans sa contemplation.
Couronne d’or
On a réussi à vivre sans elle. On était quand même heureux, non ? Alors, tu feras pareil sans moi.
Casque Blanc (plus calme, presque serein)
Quand tu la verras, embrasse-la pour moi.
Se recalant sur le dos, il ajoute, le regard perdu dans le vide.
Vous serez tous les deux et moi tout seul ! C’est pas juste !
Couronne d’Or lève les yeux vers Casque Blanc. Il répond, taquin.
Couronne d’or
Notre petit Saku ! Toujours aussi sensible, hein.
Il essuie la joue de son amant.
C’est pour ça que je t’aime... Même avec toutes ces rides.
Il se cale sur le dos, la tête appuyée sur le bras de Casque Blanc.
Couronne d’or
On sera toujours avec toi puisque tu vas écrire notre histoire.
à son tour, il fixe le tableau, rêveur.
Tu te souviens du poème qu’on a trouvé sur elle quand on l’a retrouvée ?
Casque Blanc
Il était plein de sang.
Couronne d’or
Oui…
Mais tu te souviens de ce qu’il disait ? Pourquoi elle l’a choisi ?
Il remonte lentement la couverture sous son menton. Il commence à réciter, d’une voix rauque et faible.
« Mon amour! embrasse-moi.
Si la mort me veut avant toi,
Je bénis Dieu; tu m'as aimée!
Et quand, sous tes pieds renfermée,
Tu viendras me parler tout bas,
Crains-tu que je n'entende pas?
Je t'entendrai, mon amour!
Triste dans mon dernier séjour,
Si le courage t'abandonne;
Et la nuit, sans te commander,
J'irai doucement te gronder,
Puis te dire : « Dieu nous pardonne ! »
Et, d'une voix que le ciel donne,
Je te peindrai les cieux tout bas:
Crains-tu de ne m'entendre pas ?
Ses yeux fixent le triskèle en face d’eux. Il s’interrompt un instant, fatigué. Sa voix ralentit.
J'irai seul, en quittant tes yeux,
T'attendre à la porte des Cieux,
Et prier pour ta délivrance.
Silence.
Casque blanc voit le triskèle qui se met à tourner, lentement, s’éloignant dans le ciel du tableau.
Alors, il déclame les derniers vers, d’une voix hésitante, fatiguée.
Casque Blanc
Puis un jour, avec l'Espérance,
Tu viendras délier mes pas;
Couronne d’or dans un souffle
Crains-tu qu’on ne vienne pas?
Nous viendrons, car tu dois mourir,
Sans être las de nous chérir;
Couronne d’Or ne dit plus rien, il râle plus qu’il ne respire. Casque Blanc termine pour lui, des sanglots dans la voix. Le triskèle n’est plus qu’un point dans un ciel qui devient sombre.
Casque Blanc
Et comme trois ramiers fidèles,
Séparés par de sombres jours,
Pour monter où l'on vit toujours,
Nous entrelacerons nos ailes !
Là, nos heures sont éternelles :
Quand Dieu nous l'a promis tout bas,
Crois-tu que je n'écoutais pas ?
Je vais me dépêcher pour vous rejoindre.
Couronne d’or Murmure
À bientôt.
Il ferme les yeux sous le regard infiniment triste de casque blanc.
Dernier souffle.
Sa main glisse lentement hors du lit.
La nuit a envahi le tableau. La silhouette d’un vieux assis en tailleur, enserrant ses jambes de ses bras maigres, la tête cachées entre les genoux arrive du néant pour prendre la place du triskèle.
Casque Blanc
À bientôt mon amour.
Casque Blanc, étouffant un sanglot, se laisse aller à contempler son vieil amant. Des larmes coulent, silencieuses, sur ses vieilles joues. Il caresse le vieux visage éteint, comme pour prolonger cette vie qui l’a déjà quitté. Enfin, il dégage son bras et se redresse, essuyant maladroitement ses joues. Puis il se glisse délicatement hors du lit, remonte tendrement la couette sous le menton de couronne d’or.
Casque Blanc
Tu avais tort ! Ça fait terriblement mal.
Il sort à pas lents, à pas lourds, à pas usés. Referme la porte doucement derrière lui.
SCÈNE 4. INT. COULOIR DEVANT LA CHAMBRE.MÊME JOUR
Personnes présentes :
MIKA (fils de Sarah) et sa femme, MIRACLE (fille des 3S) et GI-SEON (fils adoptif et gendre des 3S) et leur fille Ha-Rin, LEV-KABA, fils de feu Martie et de Yael, HAN JI-WON (gendre des 3S et mari de feu MÉLODIE).
Ils attendent leur tour avec respect pour un dernier hommage. Ils et elles sont âgés, métis pour la plupart. Il s’agit de leurs enfants, leurs conjoints ou les petits enfants :
Casque Blanc les regarde à peine. Il entre dans la pièce qui fait face à la chambre. La porte se referme dans un léger claquement sur sa douleur.
MIKA
“Appa” est sorti. On peut entrer pour dire adieu à Papa.
Tous se dirigent devant la porte de la chambre que Mika ouvre doucement.
SCÈNE 5. INTERIEUR DU BUREAU. MÊME JOUR.
Fond sonore : la porte de la chambre en face qui se ferme doucement.
Une pièce aux murs blancs, couverts de cadres photos.
Le vieux (casque blanc) est assis à son bureau devant un ordinateur. Il contemple les photos. Sortant de sa rêverie, il se met à taper sur le clavier.
Voix off pendant la “visite” du bureau et des photos qui montrent les meilleurs moments de leur vie.
Casque Blanc (Voix off)
Voilà.
Je suis le dernier. Seul. On savait que ça arriverait.
J’étais le plus jeune.
Subir la solitude, c’est dans l’ordre des choses.
Mais ce vide… Il est double, insupportable.
Je ne vais pas traîner.
Une photo attire l’attention : les 3S réunis autour d’un feu de camp, souriant sous un ciel étoilé.
Je dois raconter notre histoire, notre merveilleuse histoire. Pas seulement pour vous ! C’est surtout pour nous, notre futur nous!
Les cadres se succèdent dans un travelling lent : Sarah rayonnante au sommet d’une montagne, Seung-Chul souriant timidement, une moto à ses côtés, et Sacha, éclatant de vie, son parapente sur l’épaule.
Raconter notre voyage à travers le temps et l’espace, fait d’aléas, d’aventures, de difficultés, de peines… Mais avec tant d’amour ! Et c’est pas fini !
Gros plan sur les mains de Seung-Chul qui tapent doucement sur le clavier, À l’écran, les mots prennent vie. “살아, 사랑해 (J’aime, je vis), le temps d’un amour. et plus bas, ce qu’il est en train de dire (et d’écrire)
Fade in music : premières notes du générique.
On a aimé, on a vécu.
Et on continuera !
Voici notre histoire.
La scène s’efface sur le bruit régulier des touches et le visage résolu de Casque Blanc, baigné par la lumière douce de la petite fenêtre.
Générique
SCÈNE 6. INT. DANS LA VOITURE – SOIR
Tout se passe en coréen sous-titré
Intérieur luxueux d'une Tesla X, sièges de toile rouge sombre, toit panoramique, vitres teintées.
Seung-Chul est assis à l'arrière, à droite, vêtu d'un costume rouge sombre avec une pochette du même jaune paille que sa chemise, le regard sombre. Min-Ji, dans son costume blanc, a gardé son stetson assorti sur la tête. Il conduit lentement. Sé-Wi est assise à l'avant, habillée d'une robe blanche sixties ornée de larges fleurs vertes. Elle tient un éventail blanc nacré assorti à sa tenue.
Seung-Chul, avisant les fans VIP regroupés devant le perron de l’ambassade de France, brandissant des pancartes et lui criant des encouragements ainsi qu’à Sé-Wi, a un mouvement de recul, comme pour se cacher.
SEUNG-CHUL
(anxieux)
Fais demi-tour! Je ne veux pas de leur pitié!
Sé-Wi a un geste d’exaspération, claquant l’éventail sur sa cuisse avec un soupir.
SÉ-WI (énervée)
Tu es insupportable quand tu paniques, Seung-Chul.
MIN-JI
(avec douceur)
Ils sont là pour toi...
Et tu as besoin d'eux. Fais-leur le sourire que j’aime, celui qui dit 'je vous aime'.
Seung-Chul renverse la tête en arrière en fermant les yeux.
SEUNG-CHUL
Comme si j'avais le choix... De toutes manières, rassure-toi: je n'aime pas décevoir les gens.
Seung-Chul observe, silencieux, les fans agitant des pancartes, des lumières colorées. Il ferme les yeux. Le son se brouille, la lumière se dilue.
FONDU ENCHAINÉ
FLASHBACK – STYLE CLIP MONTÉ
SCÈNE 7. EXT. PLATEAU DE TOURNAGE – CIRCUIT DE COURSE - JOUR
Lumière crue. Soleil de plomb. Un camion blanc de livraison en attente au fond d’un décor urbain. Une moto rutilante. Seung-Chul, casque à la main, salue l’équipe. Le réalisateur lui donne ses dernières consignes.
RÉALISATEUR
Ok. À mon top. Tu glisses à la marque bleue. Le camion bouge juste après. On a calé ça au dixième de seconde. Tu passes dessous et tu redresses. Comme en répète.
SEUNG-CHUL (sourire confiant)
T’inquiète. Je vais entrer dans la légende.
SCÈNE 8. EXT. ROUTE DE TOURNAGE – CASCADE
MONTAGE RAPIDE / CAMÉRA MOUVANTE / RYTHME DE PLUS EN PLUS TENDU
-
Le moteur de la moto hurle.
-
Seung-Chul prend de la vitesse, passe la marque bleue.
-
Il amorce sa glissade → moto à l’horizontale, genou presque au sol.
-
Le camion démarre une seconde trop tôt.
-
La moto passe, mais pas sa jambe gauche.
-
Le pied se coince, la jambe se plie sous le poids de la moto et tape violemment contre l’essieu.
SON :
– CRAC sourd
– Cri déchirant de Seung-Chul
– Hurlements de l’équipe / bruit de freins / radio qui s’affole
Plan figé : Seung-Chul, à terre, inconscient, la jambe écrasée sous la moto. Sang. Chaussure arrachée.
SCÈNE 9. INT. HÔPITAL – URGENCES – JOUR
Plans flous, presque monochromes. Sirène lointaine. Couloir d’urgence. Brancard roulant à toute vitesse.
-
Seung-Chul est allongé, masque à oxygène, poche de plasma suspendue au-dessus de lui.
-
Une infirmière lui parle à l’oreille. Il dérive, semi-conscient.
-
On voit du sang couler de sa jambe.
-
SCÈNE 10. INT. CHAMBRE D’HÔPITAL – LENDEMAIN
Lumière blanche. Calme froid. Seung-Chul, éveillé mais très pâle, redresse un peu la tête. Son manager Min-Ji est à ses côtés, les traits tirés. Un lit de camp est installé près de la fenêtre. Il a passé la nuit ici. Deux médecins entrent. Ils lisent la fiche du patient et leurs dossiers.
MIN-JI (inquiet)
Alors?
MÉDECIN HOMME
L’impact a provoqué une neuropathie sévère. Le nerf tibial est probablement écrasé, peut-être irréversiblement.
MÉDECIN FEMME
Vous avez perdu toute sensibilité du pied et du mollet. Votre cuisse et votre hanche sont intactes, mais…
MÉDECIN HOMME
… vous ne contrôlerez plus votre pied. La récupération est incertaine, même avec une rééducation longue.
Silence. Le visage de Seung-Chul devient livide. Son souffle se coupe. Il tente de parler, puis vacille, les yeux vides.
SEUNG-CHUL (à peine audible)
C’est fini…
Il tombe en arrière sur son oreiller, inerte, ses yeux grands ouverts fixés sur le plafond.
MIN-JI (se précipitant pour le soutenir)
Seung-Chul ! Je suis là ! Tu vas t’en sortir. Je vais t'aider.
Je ferai tout pour toi!
Un hoquet s’échappe de sa bouche.
Seung-Chul ! N'abandonne pas!
FIN DU FLASHBACK
SCÈNE 11. INT. VOITURE – SOIR
Plan identique au départ. Seung-Chul ouvre les yeux brusquement, comme s’il venait de tomber. Il fixe les fans, puis baisse lentement la tête. Les mots du médecin résonnent encore.
SCÈNE 12. EXT. DEVANT L'AMBASSADE DE FRANCE – SOIR
La Tesla rouge arrive lentement devant les marches de l'ambassade, éclairées par des projecteurs, et s'immobilise. Un voiturier s'approche et ouvre la portière droite. Les quelques fans présents les acclament.
Seung-Chul sort lentement. Il pose d'abord sa jambe droite au sol. Puis, il refait le lacet de sa basket gauche et attrape sa jambe inerte avec ses mains, il la guide lentement hors de la voiture. Son pied pend et se plie maladroitement lorsqu'il le pose.
Seung-Chul se redresse en s'appuyant sur sa jambe droite. Il avance d'un pas, soulevant exagérément sa jambe gauche, qui ne répond pas. Sa démarche est hésitante, chaque pas révélant un effort marqué par la rigidité de ses mouvements.
Pendant ce temps, un voiturier sort le fauteuil roulant du coffre et l'installe. Seung-Chul s'assied avec une expression fermée. Le voiturier referme les portières et conduit la Tesla au parking.
Sé-Wi s'approche et pose une main possessive sur l'épaule de Seung-Chul, son éventail blanc nacré délicatement refermé dans l'autre main.
SÉ-WI
(rassurante)
Tout va bien se passer, je suis là.
Seung-Chul lève les yeux vers elle et sourit, ironique.
SEUNG-CHUL
Bien-sûr, Wonder-Sé-Wi est là ! Tu vas me rendre ma jambe?
La main de Sé-Wi se crispe sur son épaule, ses ongles s'enfonçant douloureusement. Seung-Chul cache difficile-ment une grimace, il fronce les sourcils.
SÉ-WI
(pincée)
Tu es vraiment ingrat! Je ne t'ai jamais lâché! Tu sais que je t'aime !
Et puis, si tu m'avais écoutée au lieu de faire le malin à moto, tu n'en serais pas là!
SEUNG-CHUL
(écartant la main de Sé-Wi, agacé)
C'était une cascade! Excuse-moi de prendre mon métier à coeur!
(se calmant un peu, voyant la peine de Sé-Wi)
Moi aussi je t'aime bien petite soeur.
(ici, on joue sur l'ambivalence du verbe aimer "tcho-da")
Sé-Wi garde son air frustré tandis que Min-Ji prend les poignées du fauteuil et commence à le pousser. Il intervient en médiateur.
MIN-JI
(conciliant)
Cessez cette dispute! On vous regarde.
Seung-Chul se retourne brusquement, irrité.
SEUNG-CHUL
Je peux encore me déplacer tout seul! Je ne suis pas paraplégique!
Min-Ji lève les mains en signe de reddition et recule d'un pas, vexé.
MIN-JI
À vos ordres, Péha.
Seung-Chul saisit les roues de son fauteuil et avance par lui-même. Les fans crient leur soutien à son passage. Min-Ji marche à côté, mains dans les poches. Sé-Wi se donne une contenance en agitant son éventail. Elle tient de nouveau l’épaule de Seung-Chul.
SCÈNE 13. EXT. DEVANT LE PERRON - SOIR
Une discussion à voix basse s'engage entre Seung-Chul et Min-Ji. Sé-Wi les suit, inquiète.
SEUNG-CHUL
Je t'ai dit que je ne voulais pas venir.
C'est ridicule de m'avoir inscrit à cet échange, surtout avec des cascades au programme !
MIN-JI
Les organisateurs français ont insisté pour que tu sois là.
C’était toi ou pas d’FKED ! Et puis ça ne peut que t'aider.
SEUNG-CHUL
Ils veulent un comique, c'est ça ?
MIN-JI
(agacé)
Non, c’est juste que le monde entier, à part toi, reconnaît ta valeur.
SEUNG-CHUL (amer)
Ma valeur? Pour quoi ? Pour mes dérapages moto foireux?
Il fallait m’inviter avant pour m'enseigner les cascades.
Pour appuyer ses paroles, il donne un coup de poing sur sa jambe gauche.
MIN-JI (gros soupir)
Pas pour tes cascades, mais pour ton jeu d’acteur, imbécile.
Un de ses fans sur le perron, a vu son geste. Il crie :
FAN 1
Hyung, on t'aime! Tu es notre modèle.
Avec ou sans cascades: tu es le meilleur!
SÉ-WI (doucement)
Tu vois ? Ils t'aiment. Pas pour ce que tu fais, mais pour ce que tu es.
SCÈNE 14. INT. HALL D'ACCUEIL - SOIR
Seung-Chul, Sé-Wi et Min-Ji entrent, suivis des fans VIP.
Un groupe de cinq personnes est rassemblé au fond du hall, discutant avec animation. Iels semblent absorbés dans une conversation passionnante, créant un mélange de voix qui remplit le hall, leurs éclats de rire ponctuent l’atmosphère et attirant l'attention de Min-Ji.
Sé-Wi, toujours accompagnée de son éventail, échange quelques regards autour d'elle, tandis que Seung-Chul se contente de garder une posture calme. Les deux personnes devant eux sont en pleine discussion avec les hôtesses, Maguy et Sarah, qui les accueillent avec des sourires chaleureux.
Seung-chul surprend la fin de leur conversation.
INVITÉ 4
(riant poliment)
Avec une hôtesse aussi gracieuse, je ne pourrai écrire aucune ligne négative dans mon journal!
HÔTESSE 2 (SARAH)
Si vous voulez bien me suivre jusqu'à votre table.
(en français, pour que Maguy l'entende)
Et si ç'avait été un hôte au lieu de toi, il aurait dit du mal, ce macho à la con ?
La vue de Seung-Chul est bouchée par les deux invités devant lui, pourtant il entend Sarah et ne peut empêcher un sourire amusé. Il a visiblement compris. Sé-Wi se penche vers lui pour demander en chuchotant.
SÉ-WI (intriguée)
Qu'est-ce qu'elle a dit ? Je sais que tu parles français.
SEUNG-CHUL
(chuchotant, menaçant)
Ne le dis surtout pas ! Je te préviens !
Min-Ji, ayant remarqué les regards admiratifs des invités près de la porte d'entrée, se penche vers lui et murmure dans un souffle tout près de son oreille :
MIN-JI
C'est fou comme tu es sexy, même en fauteuil.
Seung-Chul tourne légèrement la tête, surpris, et lève un sourcil en direction de Min-Ji, cherchant à comprendre ses intentions. Celui-ci se redresse précipitamment, cachant sa gêne par un clin d'œil.
MIN-JI
Mais ce n'est pas pour ça que je suis là, tu le sais, hein ?
Un instant, Seung-Chul fixe Min-Ji, intrigué, puis il reporte son attention sur Sé-Wi. La discussion reprend, à voix haute cette fois.
SÉ-WI
Arrête de faire des cachotteries, Seung-Chul. Ce genre d’attitude ne t’aidera pas ici.
SEUNG-CHUL
Je te l'ai dit: n'en parles pas! Je n'ai pas envie qu'on se moque de mon accent!
MIN-JI
Tu sais très bien pourquoi ! Fais-nous confiance, c’est tout.
SEUNG-CHUL
Je faisais aussi confiance au camion… Tu vois le résultat !
Sé-Wi, exaspérée, agite son éventail avec agacement.
SÉ-WI
On est aux petits soins pour toi, Seung-Chul ! Alors, ça suffit !
SCÈNE 15. INT. DEVANT LA SALLE DE RÉCEPTION. AMBASSADE DE FRANCE EN CORÉE. SOIR
La conversation suivante est en coréen sous-titré.
La main droite de Se-Wi est de nouveau posée posses-sivement sur l’épaule de Seung-Chul.
hôtesse 1(Maguy)
Bonjour Seung-Chul-Shi, je suis vraiment ravie de vous revoir.
Seung-Chul lève les yeux vers les hôtesses.
L’une, peau blonde et satinée, cheveux d’or ramassés en une cascade de boucles dansant sur la nuque. Grande et toute en courbes gracieuses, de grands yeux bruns, pétillants, robe sixties jaune et or.
L’autre, de trois quart dos, discute encore avec l’invité précédent. De dos, sa silhouette athlétique et sa tenue (chemise vert-anis sous un gilet sans manche, pantalon droit, tous-deux vert-sombre) pourrait prêter à confusion.
Seung-Chul
(secouant la tête pour se reprendre)
Maguy-Shi ! Toujours aussi resplendissante ! Si je n'étais pas en fauteuil, je pense que je vous aurais fait la cour.
La main de Sé-Wi se crispe sur l’épaule de Seung-Chul. Il tourne son regard vers elle et remarque ses lèvres pincées.
Seung-Chul
Détends-toi petite sœur.
(Son regard revient à Maguy. Il s’adresse maintenant à Se-Wi et Min-ji (son manager) d’un ton las et monocorde.)
Soyez tranquilles : je me tiendrai bien aujourd'hui. Je ne séduirai personne.
(Il fait un clin d’œil à Maguy.)
Et c’est bien dommage !
Maguy (amusée)
Oh ! Seung-Chul-Shi ! Vous me faites rougir ! En outre, vous semblez oublier que je suis mariée.
Seung-Chul
(sur le ton de la plaisanterie)
C’est vrai. Vous avez volé mon ami le beau Park Jae-Yeon à ma petite sœur. Elle a pleuré pendant des jours !
Sé-Wi (vexée)
N’importe quoi !
Maguy
(changeant diplomatiquement de sujet.)
Kim Sé-Wi-shi, j’ai admiré votre beauté et votre interprétation dans votre dernier film.
Et vous dansez si bien ensemble, tous les deux !
Seung-Chul (soupirant, nostalgique)
C’était avant mon accident.
Maguy (compatissante)
Je suis vraiment navrée de ce qui vous est arrivé. Mais vous pourrez bientôt revenir sur nos écrans ! J’ai hâte de voir votre prochain drama !
Seung-Chul (résigné)
Hélas, mes rôles sont désormais limités. Les cascades, c'est fini.
Silence lourd, le regard de Seung-Chul se perd un instant dans le vague. Mais il se secoue et revient à la belle Maguy.
Seung-Chul (après un léger soupir)
Mais la vie continue. Et ce soir, c’est la fête.
Maguy
(passant à autre chose pour détendre l’atmosphère)
Bonne philosophie : voir le bien dans le mal.
(Elle se tourne légèrement pour présenter sa compagne.)
Permettez-moi de vous présenter ma sœur, Sarah, qui sera dans l’équipe des interprètes avec moi ce soir.
L’hôtesse noire se retourne à ce moment. Aussi noire et veloutée qu’une nuit sans lune, cheveux soyeux coupés court, longue, élancée, fine et athlétique. Tout en elle respire la simplicité. Des yeux en amande, noirs, maquillés de blanc, qui vous dévorent ou vous transpercent, mais toujours intenses.
Voix off de Casque-Blanc
(Seung-Chul)
C’est là que l’aventure a commencé.
Leurs regards se croisent. C’est le choc : Seung-Chul porte la main à son cœur. Il est subjugué. Ils parlent en même temps.
SÉ-WI interloquée
Mais c’est une femme !
Voix off de SEUNG-CHUL
Je devais avoir l’air idiot, à sourire béatement.
Les ongles de Sé-Wi s’enfoncent dans son épaule.
Sé-Wi m’a douloureusement rappelé à la réalité.
Seung-Chul lève les yeux sur Se-Wi qui regarde fixement La Reine Noire d’un air assassin.
Le rêve se brisait, retour à la réalité.
Sarah (Sur un ton d’excuse.)
Je veux dire : je m’appelle Sarah N’Gué ; N’Gué Sarah.
Silence… gêné…
Sé-Wi (lèvres pincées)
Quel mauvais jeu de mots !
Sarah (s’excusant )
Vous avez raison. J’en abuse trop souvent, pour m’amuser...
SÉ-WI (hautaine)
Ce n’est ni le lieu ni l’heure pour ça!
Ses doigts pressent si fort l’épaule de Seung-Chul que ses jointures sont blanches. Seung-Chul ne semble pas en souffrir : il dévore Sarah des yeux, un sourire charmeur aux lèvres.
SEUNG-CHUL intrigué
Votre nom est fascinant : il semble vous définir à merveille.
SARAH souriant humblement
Mon prénom vient de mes parents français et mon nom est la seule chose que m’ont laissée mes parents africains.
Heureux hasard, non?
SEUNG-CHUL fasciné
Le destin, pas le hasard !
Remarquant l’attitude béate de Seung-Chul, Sé-Wi relâche sa prise pour caresser doucement son épaule, cherchant à reprendre le contrôle..
Sé-Wi (d’une voix plus douce)
Vous êtes si... étrange. Je veux dire: de dos, je vous ai prise pour un homme.
Min-Ji le manager
(Murmure discret mais réprobateur)
Kim Sé-Wi-Shi ! Reste correcte !
Seung-Chul (Gêné)
Ne prenez pas mal ces remarques de ma Petite Sœur. Elle a la féminité chevillée au corps.
Sarah (sourire assuré)
Ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas vexée le moins du monde, Sé-Wi-shi a raison, je suis aussi grande qu’un homme et j’ai la voix grave.
Elle tourne la tête en direction de Sé-Wi mais regarde fixement Seung-Chul, les yeux rieurs.
Mais ne vous inquiétez pas, Kim Sé-Wi-Shi, les hommes ne s’y trompent pas.
Elle montre Seung-Chul d’un imperceptible mouvement du menton. Les yeux de Seung-Chul trahissent son approbation, un sourire complice se dessine sur ses lèvres. Il ne peut empêcher un clin d’œil malicieux.
Sé-Wi remarque ce geste avec humeur. Son éventail claque quand elle l'ouvre et s'évente nerveusement. Elle ne peut s’empêcher une réflexion amère en détournant la tête.
SÉ-WI (marmonnant)
Et c’est reparti ! Monsieur part en chasse.
Avisant le regard vexé de Kim Sé-Wi qui fronce les sourcils et dont les yeux lancent des éclairs, Maguy pose une main sur le bras de sa sœur pour la rappeler à son devoir.
Maguy
(désireuse d’interrompre cette conversation gênante)
N’Gué Sarah, il serait temps d’accompagner nos invités à l’intérieur.
Sarah quitte à regret le regard intense de Seung-Chul pour revenir à Sé-Wi et Min-Ji.
Sarah
(s’excusant dans une courbette)
Pardon ! Si vous voulez bien me suivre.
SCÈNE 16. INT. SALLE DE RÉCEPTION - SOIR
Description rapide de la salle:
La grande salle rectangulaire, baignée de lumière, s'organise autour d'une longue piste de danse entourée de sept tables rondes. Au centre de chaque table : un grand plateau circulaire tournant, décoré d’un chemin de table discret. Face à l’entrée, une baie vitrée ouvre la pièce sur la nuit, tandis qu’un buffet élégant est installé contre le mur gauche. Une estrade, montée devant une cloison amovible soutenant un écran géant, relie deux portes : l’une menant à une cuisine provisoire, l’autre ouvrant sur une terrasse lounge aménagée pour la soirée. (voir plan en annexe)
Ambiance :
Une douce ambiance musicale électronique, inspirée de Vangélis ou Jean-Michel Jarre, discrète, anime la salle de réception, alors que des images de paysages défilent sur l’écran. Une cinquantaine d'invités, artistes, diplomates, et figures du cinéma international, sont répartis en petits groupes dans la salle. Les conversations s'entrelacent, les verres se lèvent, et l'ambassadrice de France échange quelques mots avec les représentants de l'Institut Français. À l'écart, un réalisateur coréen discute passionnément avec un producteur français, tandis que les journalistes capturent l'effervescence de la soirée. Nagui (présentateur français) commente la musique avec Park Seo-Jun (acteur et présentateur coréen).
Voir plan de table et invités en annexe.
Sarah conduit le trio vers le buffet. Elle leur présente quelques convives qui devisent joyeusement. Kev Lutz, Nadia Nassiri, Ji Chang-Jun et Nam Ji-Han les saluent et leur font une place.
Seung-Chul
Reine de Saba !
Sarah
Sarang-hé! (en coréen: "je t’aime ")
Sarah
(S’adressant à Sé-Wi et Seung-Chul)
À partir d’ici, toutes les conversations se feront en anglais. Je vous prie de m’excuser, je dois rejoindre ma sœur. N’hésitez pas à solliciter de l’aide. Je vous laisse en bonne compagnie.
Ji Chang-Jun serre la main de Seung-Chul dont le regard revient vite sur Sarah s’éloignant avec Min-Ji.
Sarah
(s’adressant joyeusement à Min-Ji, en coréen)
Min-Ji-Shi, permettez-moi de vous accompagner vers Léon Bosson, réalisateur, producteur et participant au FKED, qui voulait vous rencontrer. Il a un scénario en or à vous proposer pour Seung-Chul. Je le sais, c’est moi qui lui ai conseillé !
Se penchant à l’oreille de Min-Ji
Pendant la préparation de l’FKED, je n’ai pu m’empêcher de vanter les exploits de Wi Seung-Chul.
Seung-Chul, rêveur, regarde Sarah et Min-Ji s’éloigner en discutant.
Chang-Jun et Ji-Han remarquent sa fascination et échangent un regard amusé. Sé-Wi, elle, ne semble pas apprécier. Nadia Nassiri, qui a tout observé, tente de faire diversion en se présentant.
NADIA NASSIRI
(esquissant une courbette, souriante)
Jun-Hee et Bo-Bae, les héros de K-Dirty dancing. Je vous ai reconnus ! Bonjour.
Sé-Wi marque un temps d’arrête, gênée. Elle se penche vers Seung-Chul. Nadia la regarde, étonnée.
Sé-Wi (embarrassée, en coréen)
Je ne sais pas parler anglais.
Seung-Chul
(Se tournant brusquement vers elle, en coréen)
Et c’est maintenant que tu le dis ?
Ils ne s’occupent plus de Nadia qui se sent ridicule et affiche une incompréhension totale. L’acteur Christian Delrey, (grand, fin, brun aux yeux bleus), dans portant une veste rose sombre sur une chemise fushia, avec une pochette du même rose à la poche pectorale) vient à sa rescousse. Pendant ce temps, Sé-Wi caresse l’épaule de Seung-Chul.
Sé-Wi
(souriante, enjôleuse, en coréen)
Tu seras là pour traduire s’il le faut.
Seung-Chul
(haussant le ton, énervé, en coréen)
Ah non ! Ne compte pas sur moi !
On est 14 participants à cette session : 7 coréens et 7 français !. Acteurs, compositeurs et scénaristes confondus. Tu devras rester près de l’interprète, c’est tout !
Sé-Wi
(secouant lentement la tête dans une grimace)
Pitié non !
Seung-Chul (se moquant ouvertement)
Avec un peu de chance, ce sera Sarah N’Gué. Tu demanderas son aide...
Il a prononcé le nom de manière équivoque, (Sarang hé), ce qui provoque un regard courroucé de Sé-Wi.
Pendant ce temps, Nadia continue de discuter avec Christian, Chang-Jun et Ji-Han, qui leur expliquent la situation de Sé-Wi.
Sé-Wi (se renfrognant)
Là tu n’es pas drôle ! Et d’ailleurs, pourquoi ne leur as-tu pas parlé en français ? Tu le parles presque couramment.
Seung-Chul
Je te l’ai dit ! Accent pourri ! Je ne veux pas qu’on se moque de moi. N’en parle pas, c’est tout !!
Leur attention est distraite par Christian Delrey. Se tournant verrs eux, il se présente dans l’intention évidente de charmer Sé-Wi.
L’échange se faisant en anglais, Seung-Chul doit traduire.