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Galères en séries 3

Calais. 29/03/2025

 

Série Mania, c’est fini.

Aujourd’hui, je suis à Calais.

Plus précisément, à Sangatte.

Un joli camping près de la plage. Il est grand, vert, et au printemps, les forsythias en fleurs sont magnifiques. Je suis étonnée du prix : 10€ la nuit, électricité gratuite.

 

Pas grand-chose à dire sur cette fin de semaine. Jeudi, rien ne me plaisait au programme de Série-Mania. Alors je m’étais promis d’aller faire un tour en Belgique en vélo. Il faisait beau et chaud. Tout était réuni pour une bonne journée. Mais voilà : mal à la tête et fatiguée au point de faire une longue sieste l’après-midi. La balade, ratée ! J’ai pensé pouvoir la reporter au vendredi… Pas de chance, il a fait froid et gris. Alors, le moral n’étant pas très haut, je suis restée au camping pour rattraper le temps perdu et continuer mes comptes-rendus.

J’ai dit au revoir à ma copine Florence la charpentière jeudi soir. Alors, vendredi soir m’a paru long, seule dans cette grande salle fraîche. Et puis, aucune réponse à mon annonce pour vendre le vélo.

Florence m’a dit qu’elle tenterait de le vendre. Elle revient au camping demain. Tout espoir n’est pas perdu. Je me suis donc fait une copine, qui vit en Haute Savoie. On reste en contact et on verra bien combien de temps ça dure, et si un jour on se reverra, ce que j’apprécierais énormément.

 

Je me voyais déjà faire les 4km me reliant à la gare à pieds avec mes 20kg sur le dos. L’idée ne m’emballait pas, bien que ce soit un petit entraînement sportif de plus… Heureusement, vendredi soir, le patron du camping m’a proposé de m’emmener à la gare de Bailleul le lendemain. Ça, c’était plus sympa que la patronne avec son ‘non’ sec quand j’ai demandé si elle connaissait quelqu’un qui allait à Bailleul samedi matin…

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Calais, Terre d’accueil

Pour la petite histoire, quand j’ai pris mes billets début mars, avec SNCF connect, j’ai pris un billet Lille-Calais pour le samedi, pensant prendre le TER de Bailleul à Lille… Ben, à l’époque, je ne pouvais pas savoir : le train Lille-Calais était un omnibus qui est passé par… Bailleul !

Arrivée à Calais hier, bonne surprise : les bus sont gratuits. Je suis donc arrivée au camping sans trop me faire mal au dos… Bien que ce matin, j’aie eu très mal aux lombaires. Mais comme d’habitude, ça passe avec un peu d’exercice. Maladie de vieux ça…

 

Aujourd’hui, après une nuit de 11h, sieste d’une heure dans ma tente bien chaude au soleil. Puis, départ par la plage pour visiter le port. Car je suis venue ici pour les ports, les immigrés clandestins et les bunkers !

La plage à marée basse est large, au moins 80-100m. Et longue ! C’était magnifique : un soleil qui m’afait regretter de ne pas avoir emporté ma casquette, et mes lunettes de soleil. Heureusement, il y avait un bon petit vent ‘rafraîchissant’ (on garde son blouson d’hiver noir sur la plage).

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Trafic sur la Manche

Ce qui m’a marqué, c’est la proximité des ferries : on aurait dit qu’ils longeaient la plage. Ils devaient circuler à 100-200m du rivage. C’est impressionnant à voir.

Et le nombre de bateaux circulant, dans les deux sens. Ferries, Porte-containers, Paquebots, Navires de pêche, Pétroliers… Je me suis amusée à les compter. En 1mn, j’en avais 12 sous les yeux.

Mais je viens d’apprendre de ma source la plus sûre actuellement (mon IA préférée, Ah Yun) que la Manche est l’un des couloirs maritimes les plus fréquentés au monde. Alors, je suis fière d’avoir vu ça : je visite le monde sans quitter la France !

Un dimanche à la plage

Tous les Calaisiens s’étaient donné rendez-vous sur la digue et la plage. Il faisait si chaud que j’ai vu des queues de 20m à chaque guérite de glaces. Alors, comme il n’y avait pas un chat à la friterie, j’y suis allée pour me prendre 5€ de frites, bien chaudes et bien grasses. J’en ai eu pour 3 repas… et un goûter ! Le peu de monde qui vaquait sur l’immensité de sable étaient les promeneurs avec leurs chiens…

Je comprends mieux maintenant, la chanson de Michel Jonasz : les bateaux sont si près !

« Alors on regardait les bateaux
On suçait des glaces à l'eau »

 

https://www.paroles.net/michel-jonasz/paroles-les-vacances-au-bord-de-la-mer

 

https://www.youtube.com/watch?v=ZT-n5D8pGko&t=35s

 

Le dragon de … Calais (pas de Hong-Kong comme Yoko Tsuno)

J’ai aussi eu l’honneur d’admirer leur dragon métallique et mécanique, une performance artistique et technologique. Très original et populaire. 25M de long, 72 tonnes et 12m de haut.

Cependant, j’ai appris qu’iel avait été créé à Nantes (650km en convoi exceptionnel, partiellement démonté). Alors, oui : sorte de migration d’un mythe du sud (Nantes et ses machines) vers le nord (Calais et son dragon légendaire). Mais sa trace carbone, hein… On en parle ?
 

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Je vous mets en copie ce que mon IA me dit :

 

Ah Yun (mon IA):
« Ah, excellente question ! Le Dragon de Calais, cette créature mécanique géante conçue par la Compagnie La Machine (basée à Nantes), a été transporté de Nantes à Calais par convoi exceptionnel, par la route.

🔧 Quelques détails du transport :

  • Le Dragon de Calais mesure 25 mètres de long, pèse environ 72 tonnes, et fait 12 mètres de haut.

  • Il a été partiellement démonté pour le transport.

  • Le trajet a été fait en camions spécialisés, sous escorte, sur plusieurs jours en octobre 2019.

  • À son arrivée, il a été réassemblé sur place, puis inauguré à Calais fin 2019.

Ce transport faisait partie d’une opération à la fois logistique et symbolique, car c’était aussi une sorte de migration d’un mythe du Sud (Nantes et ses machines) vers le Nord (Calais et sa légende du dragon).

Tu veux intégrer ce genre de transport impressionnant dans ton univers ?

Ah Eun (moi):

comment fonctionne ce dragon? trace carbone?

Ah yun :

Super question ! Le Dragon de Calais est une prouesse mécanique aussi spectaculaire que complexe. Voici comment il fonctionne — et quelques éléments sur son empreinte carbone.

🐉 Fonctionnement technique du Dragon de Calais

  1. Structure

    • Fait d’acier, de bois sculpté et de matériaux composites.

    • Articulé à l’aide de vérins hydrauliques, de moteurs électriques et de systèmes pneumatiques.

  2. Mobilité

    • Il marche sur roues (6 roues motrices), avec un système de direction assistée.

    • Il est piloté par une équipe de machinistes à bord et au sol.

    • Il peut cracher du feu, de la fumée, battre des ailes, bouger les yeux, les griffes, la langue, etc.

  3. Énergie

    • Il fonctionne à l’électricité (générateurs embarqués, parfois diesel, mais de plus en plus sur secteur ou batteries).

    • Certaines fonctions (comme les effets spéciaux) utilisent des gaz (butane ou propane) pour les flammes ou la vapeur.

🌍 Empreinte carbone

  • 🟡 Impact modéré mais réel :

    • Transport (convoi exceptionnel) → consommation de carburant importante ponctuellement.

    • Utilisation quotidienne : énergie pour la marche et les effets → dépend de la source d’électricité (mix énergétique local).

    • L’équipe de La Machine cherche souvent à limiter l’empreinte par des approches artistiques durables (longue durée de vie, réemploi, etc.).

  • 🟢 Le dragon est principalement un objet culturel. Son empreinte carbone n’est pas nulle, mais elle reste bien moindre comparée à un avion, un cargo ou une industrie lourde. »

C’était la minute instructive.

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Et maintenant question :

J’avais besoin de voir les ports de Calais pour mon histoire. Et tout à coup, une question existentielle s’est présentée à moi :

« Mais comment fait-on pour débarquer alors que les bateaux sont au milieu des bassins ? Ils attendent marée basse ? »

Suis pas une marine, moi : suis plutôt montagnarde…

Mais Ah-Yun m’a instruite encore une fois. Cependant, je ne vous dirai pas. Car c’est maintenant à vous que je pose la question !

 

Les Calaisiens 

Pour ce que j’ai pu en voir et ressentir, des gens charmants, et polis.

Ici, on monte et on descend du bus en disant « Bonjour » et « au-revoir » assez fort pour être entendu. Et on répond !

Ici, les voitures s’arrêtent aux passages piétons, même si vous n’êtes pas engagé sur la chaussée.

Ici, on adresse la parole à des inconnus, juste pour échanger des tranches de vies.

Dans le bus, hier, j’ai rencontré des drômois (Montélimar-Donzère), qui étaient du même avis que moi.

Titre 5

Les immigrés

Ne voulant pas écrire d’anneries dans mon histoire (c’est une fiction mais tout de même ! Par respect pour ces vrais galériens!)

 

Sur la plage, j’ai, pu voir ce qu’Annick (ma voisine de camping) m’avait évoqué : des restes de bateau pneumatique… C’est triste.

Toujours sur la plage, j’ai vu aussi le petit avion à hélice ressemblant à un drone sillonner la côte du Cap Blanc-Nez » à Calais…

Et l’hélicoptère au-dessus de la côte.

Et les CRS qui quadrillent les rue menant aux plages.

 

Et j’ai vu aussi quelques tentes de clandestins éparpillées dans une aire semée de blocs de pierres « anti-immigration ».

Et près du port, quelques tentes aussi contre un hangar. L’un des immigrés m’a aperçue en sortant de sa tente. Il m’a parlé anglais : « Nice Hair ! ». J’ai dit : « just fun ! » On a ri.

 

Je n’ai pas eu le courage de lui parler. De lui poser toutes ces questions qui me démangent depuis peu : d’où il vient, comment il est arrivé, où va-t-il, comment il fait pour survivre…

Je n’ai pas eu le courage… C’est tellement con ! Pourquoi ? Peur qu’on ne se comprenne pas (il parlait peut-être mieux anglais que moi) ? Peur qu’il me vole (franchement, il avait l’air bien pacifique et aimable ce gars! Rien à voir avec un de nos SDF.) ? Peur de me retrouver sans papiers, sans argent, sans portable (N’importe quoi)?

Alors flemme ? Flemme de perdre du temps en palabres (alors que j’étais venue en partie pour ça) ?

Flemme de parler alors que j’étais en mode contemplation ?

Bref ! Un acte délibérément manqué.

De la honte, mais pas de regret. À moins que ce soit l’inverse…

 

Heureusement, mes voisins de camping m’en ont parlé, et m’ont appris des choses qu’on ne lit pas dans les médias : un sentiment que le monde va de travers, que cette situation est des plus tristes pour… Tous. Ceux qui se sont fait avoir avec « les mirages dorés » qu’on leur a vendus. Ceux qui pensaient ne plus avoir le choix… Et nous, spectateurs impuissants.

 

Une chance qu’il y ait des gens qui bougent… pour aider, pour que chaque jour de survie ne soit pas trop dur… Pour distribuer repas, couvertures, tentes… entreposer les tentes en cas de descente de police.

 

Tiens, j’y pense… Peut-être même parmi les policiers et CRS, il y en a que cette situation déprime.

 

Les bourgeois !

« c’est comme les cochons... »

ah non pardon ! C’est pas ce que je voulais dire.

(photos)

Pour la petite histoire, je suis passée à 20m des bourgeois le premier jour en cherchant mon premier arrêt de bus. Il est devant l’Hotel de ville et je ne l’ai pas vu. Faut dire que je voyais ces statues plus imposantes, plus grandes. Comme quoi, les photos des manuels scolaires et revues peuvent être trompeuses.

Pour ce qui est de la primauté de l’oeuvre, voici ma nouvelle conversation avec Ah Yun :

 

« Ah Eun (moi) : On m’a dit que l’original était à Paris.

 

Ah Yun :Tu as tout à fait raison de poser la question, parce que c’est une confusion fréquente !

🎨 Alors… qui a raison ? Toi, eux, ou tout le monde ? Réponse : tout le monde a un peu raison.

🗿 L’original de Rodin : au Musée Rodin (Paris)

  • L’œuvre originale des Bourgeois de Calais, en plâtre, puis en bronze, a bien été conçue par Auguste Rodin à Paris.

  • Le premier tirage en bronze, supervisé par Rodin lui-même, est aujourd’hui exposé au Musée Rodin à Paris. C’est donc le modèle de référence, l’original d’atelier, si on veut.

🏛️ Le monument officiel : à Calais, devant l’Hôtel de Ville

  • La sculpture des Bourgeois de Calais, installée en 1895 devant l’Hôtel de Ville de Calais, est le monument public officiel.

  • Elle a été commandée par la ville en 1885.

  • C’est donc la version publique la plus symbolique, celle ancrée dans le lieu de l’histoire. »


 

L’injustice de l’histoire de l’art !

Ah-Eun

Auguste Rodin n'avait-il pas une équipe pour réaliser cette oeuvre?

 

Ah-Yun

Oui, tout à fait ! Comme beaucoup de grands sculpteurs de son époque, Auguste Rodin n’a pas travaillé seul : il avait une équipe d’assistants, praticiens et fondeurs pour l’aider à réaliser ses œuvres, en particulier des sculptures aussi monumentales que Les Bourgeois de Calais.

👨‍🏭 Comment ça fonctionnait, concrètement ?

  1. Rodin conçoit l’œuvre

    • Il réalise des croquis, maquettes en terre, puis modèles en plâtre.

    • Il décide des postures, des émotions, des volumes.

    • Il sculpte souvent les parties les plus expressives (mains, visages) lui-même.

  2. Les assistants entrent en jeu

    • Des praticiens (sculpteurs hautement qualifiés) agrandissent ses modèles grâce à un système de pointage, pour passer du petit modèle au format monumental.

    • Des fondeurs, souvent issus d’ateliers spécialisés (comme Alexis Rudier ou Eugène Gonon), réalisent les tirages en bronze par la technique de la cire perdue.

  3. Rodin supervise

    • Il corrige, retouche, valide.

    • Parfois, il modifie l’œuvre en cours de route, ou fait plusieurs variantes.

🧑‍🎨 Quelques collaborateurs notables

  • Henri Lebossé : praticien très proche de Rodin, responsable de nombreux agrandissements.

  • Camille Claudel : sculptrice brillante et collaboratrice/amante, qui a influencé plusieurs œuvres (mais pas directement Les Bourgeois de Calais).

  • Les ateliers Rudier : fondeurs historiques de Rodin.

⚠️ Ce qu’il faut retenir

❝ Rodin était l’auteur, le concepteur, le maître d’œuvre.
Mais comme les grands maîtres de la Renaissance, il travaillait en atelier, avec des artisans et artistes très compétents. ❞

Cette réalité ne diminue en rien son génie — au contraire, elle témoigne d’un travail d’équipe de haut niveau, et d’une vision collective de l’art monumental.

Tu veux creuser ça dans une fiction, ou faire le parallèle avec un processus créatif contemporain ?

Ah Eun :

Je trouve qu'il est injuste que l'artiste tire toute la couverture à lui! On devrait toujours dire Untel et son équipe!

Ah Yun :

Tu mets le doigt sur quelque chose de fondamentalement vrai — et profondément actuel aussi. L'idée de "l'artiste génial isolé" est un mythe qui écrase souvent tout le travail collectif derrière une œuvre.

🎨 Un mythe hérité de l’histoire de l’art

Depuis la Renaissance, on valorise l’auteur unique, le « maître » (Michel-Ange, Léonard, Rodin…). Pourtant :

  • Ils travaillaient en atelier, entourés d’assistants, élèves, ouvriers hautement qualifiés.

  • Sans eux, pas de fresques géantes, pas de sculptures monumentales.

Mais les manuels d’histoire de l’art, les expositions, les signatures... ont retenu un seul nom.

🧑‍🏭 Ce que ça invisibilise

  • Les praticiens (ceux qui taillent la pierre, agrandissent les modèles).

  • Les fondeurs (dans le cas du bronze, ils sont essentiels).

  • Les scénographes, costumiers, techniciens dans les arts vivants.

  • Les associés et co-auteurs dans les projets contemporains.

Et souvent, ce sont des personnes issues de milieux modestes, des femmes, ou des travailleurs de l’ombre qui ne signent jamais rien.

💬 Une proposition que tu formules :

🟢 Dire "Rodin et son équipe",
ou "Conçu par Untel, réalisé avec Machin, Truc et Bidule",
c’est juste, honnête, et plus inspirant, en fait.

Et c’est d’autant plus important aujourd’hui, où la création (cinéma, design, séries, jeux vidéo…) est toujours collective, même si la "star" rafle les prix.

 

Retour.

Calais, c’est fini !

Il faudra absolument que j’y entraîne mon homme !

De nouveau dans le train. Direct Lille-Vale

Mais ce soir, après 20 jours, de retour chez moi !

20 jours extraordinaires, mais contente de rentrer quand-même.

 

Et je conclurai avec un quiz :

De qui est ceci :

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais Romains le front audacieux ;
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine :
Plus mon Loir gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
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