top of page

ÉPISODE 16B

 

2. EXT. VIA FERRATA. BUIS-LES-BARONNIES – JOUR

Traversée d’une passerelle de bois au-dessus d’une cascade.

 

Les 3S traversent tranquillement les trois mètres de planche de bois qui enjambent un renfoncement rocheux où s’écoule une cascade. Ils portent chacun un gros sac à dos.

Ils discutent, décontractés.

 

SACHA

On a de la chance aujourd’hui : il fait beau !

 

SEUNG-CHUL

Oui, et juste ce qu’il faut de vent pour un vol optimal ! Si tout se passe bien, ce sera un beau vol !

 

SACHA ton faussement détaché.

Le dernier ensemble... Faudra en profiter à mort !

 

SARAH se récriant

Ah non alors ! Pour ta mort, on a déjà donné, hein !

Et puis arrête de dire que c’est le dernier ! Tu plombes l’ambiance, là !

 

Arrivé à la fin de la passerelle, Sacha passe un fractio.

 

SACHA

Désolé ! C’est sorti tout seul.

 

Le groupe continue en silence le long d’une vire. Silence relatif puis qu’on entend encore le bruit de la cascade, le cliquetis des mousquetons s’entrechoquant et le crissement des longes sur le cable.

Ils se s’assoient dans un espace plus large, longent leurs sacs à dos sur le câble et les posent à côté d’eux,contre la paroi, les pieds dans le vide. Ils se tiennent coude à coude, admirant le paysage en contrebas. Seung-Chul sort des sandwichs d’un des sacs et les distribue.

Ils mangent un moment en silence, profitant de la vue, de l’ambiance. On sent une certaine nostalgie, ou une certaine inquiétude dans leur regard. Sacha a ravivé leur crainte : c’est leur dernière sortie ensemble.

 

SACHA avec un soupir

Tout ça va me manquer à Orange !

 

SARAH sarcastique parce que triste

C’est sûr que tu feras pas ça tous les jours dans la légion ! Mais point de vue action, je pense que tu seras servi !

 

SEUNG-CHUL parlant doucement comme pour une confidence

S’il te plait, profitons du moment ! Je fais suffisamment de cauchemars la nuit ! C’est toujours le même ! Et rien à voir avec nous !

 

SARAH heureuse du changement de sujet

Tiens, oui ! Raconte-lui ton rêve. C’est une véritable scène pour un film !

 

Sacha, la bouche pleine, se tourne vers Seung-Chul, intéressé.

Vas-y, j’adore les films ! Surtout les dramas !

 

Seung-Chul regarde l’horizon, perdu dans son rêve.

 

SEUNG-CHUL

Ça risque de plomber l’ambiance, mais allons-y pour l’histoire. Mais c’est un cauchemar très court ! Et je me réveille toujours en sursaut !

 

DÉBUT DU RÊVE

La terrasse d’une vaste maison japonaise de la période édo

 

Une jeune femme, richement vêtue, joue mélancoliquement du luth. Enceinte et prête à accoucher, elle reste concentrée malgré les servantes qui s’affairent en silence autour d’elle.

Soudain, un bruit de pas précipités retentit dans la cour. Le Shogun entre, furieux, son hakama noir crissant à chaque mouvement. Les reflets de son kosode de soie brodée semblent lancer autant d’éclairs que ses yeux. Il s’arrête net devant la terrasse, fulminant, la main sur son katana solidement noué par un obi brodé d'or. Son regard sombre fixe la concubine qui interrompt brusquement sa musique, apeurée.

À ses côtés, son hatamoto reste en retrait, alarmé, prêt à agir. Son kosode gris et son hakama anthracite soulignent sa discrétion, mais ses yeux trahissent une panique contenue.

Derrière eux, une petite femme en kimono blanc brodé d’or et de gemmes, caressant un chaton, entre avec un sourire malicieux, ses yeux étincelant de malice.

Les servantes disparaissent rapidement, fuyant la fureur du Shogun.

Shogun (grondant entre ses dents)

Tu m’as trahi ! Cet enfant… il n’est pas de moi, n’est-ce pas ?

Sa voix est froide, tranchante comme la lame qu’il s’apprête à dégainer.

La concubine, terrifiée, recule en secouant la tête, les larmes aux yeux.

Concubine (terrifiée, abasourdie)

Comment aurais-pu ? Vous êtes le seul homme que j’ai connu Le seul que j’ai touché. Jamais je ne vous ai trompé ! Vous êtes injuste ! C’est votre enfant !

Sa voix se brise sous le poids de la peur, Elle tombe à la renverse en tentant de lui échapper. mais le Shogun avance, implacable.

Shogun (hurlant)

Mensonges ! Tu voulais un enfant, Sakura ! Un enfant que tu aurais élevé sous notre protection, Sékaï et moi ! Au nom de quoi ? De notre amour ? Pour toi qu’importe qui était le père !

Dame en blanc (machiavélique)

Tu aurais dû savoir que le Shogun était stérile. Tu n’aurais pas fait cette erreur !

Sakura (concubine) Regardant tour à tour son ventre et le Shogun.

Quoi ? Mais c’est... impossible ! Je ne connais... que vous, mon seigneur ! Que vous !


 

SÉKAÏ (le Hatamoto) retenant le bras du Shogun prêt à dégainer.

Maître, je vous en prie ! Souvenez-vous de son amour pour vous !


Dame en blanc (sardonique)

Le fruit ne tombe pas loin de l’arbre...

Entendant ces mots venimeux, le Shogun se précipite hurlant sur Sakura en dégainant son épée. Sakura recule en rampant comme elle peut, une main sur son ventre arrondi en vaine protection. Sékaï se porte au-devant de Shogun, faisant un rempart de son corp à Sakura. Le Shogun n’a pas le temps d’arrêter son geste. Son sabre pourfend Sékaï.

Le Hatamoto s’effondre sur le shogun, dans un dernier souffle, combattant la douleur, il se plaint.

Sékaï

Deux morts pour un même... amour... Le destin... est... cruel.

Shogun s’agenouille et prend son Hatamoto dans les bras. Se balançant d’avant en arrière, il pleure.

 

Shogun hurlant sa douleur au ciel

Ce n’est pas moi qui t’ai tué ! Ni avant, ni maintenant ! Ce n’est pas moi ! Je t’aime ! Ne pars pas ! je ne voulais pas ça !

La concubine, en larmes, s’approche à quatre pattes, criant de terreur et de douleur.


 

Concubine

Non… Pas lui... Mon Seigneur ! Pas lui ! Vous venez de commettre un grave pécher !

Ils pleurent tous les deux comme des enfants. Elle caresse doucement les cheveux de Sékaï, tandis que ses larmes tombent sur ses joues déjà blèmes.

Nous ne vous avons jamais trahi! Jamais ! Notre amour était pur !


 

FIN DU RÊVE

Retour sur la corniche de la Via Ferrate.

 

Seung-Chul (perplexe)

Et je me réveille en sursaut.

 

Sarah

Et il me réveille.

 

Sacha ébahi

C’est pas possible ! Tu t’en souviens !

 

Seung-Chul et Sarah (à l’unisson)

Pardon ?


 

Sacha ne répond rien. Un silence. Puis Sarah murmure :


 

Sarah (sous le coup d’une révélation)

Seung-Chul ! Ce sont les trois personnages qui enterraient le coffret sous le chêne ! Souviens-toi de ton rêve ! Ils s’appelaient bien comme ça !


 

Sacha abasourdi

Tu as rêvé de ça aussi ? Incroyable !

 

SEUNG-CHUL (brisant le silence)

Vous croyez que Malovitch et Irina vont bien ?

 

 

SARAH inquiète

On les a vus hier. Tu l’as bien vu non ?

bottom of page